Les poèmes à plusieurs voix
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Fable de Jean de La Fontaine
Julie, Juliette, Kévin, Manon
Ce poème que Kévin, Matthew et Dimitri vous proposent est de Georges Jean :
PAS VU ÇA
Pas vu la comète
Pas vu la belle étoile Pas vu tout ça
Pas vu la mer en flacon
Pas vu la montagne à l'envers
Pas vu tant que ça
Mais vu deux beaux yeux
Vu une belle bouche éclatante
Vu bien mieux que ça
Robert Desnos
Ce poème a plu à plusieurs enfants, donc voici différentes interprétations :
Voici maintenant une forme poétique d'origine japonaise : le haïku.
Alexis et Quentin vont vous en interpréter deux chacun, tirés d'Equinoxes et Solstices de Jacques Ferlay :
Dans l'eau du matin
fond le glaçon de la lune
Vieillir est un secret
Le vent est passé
sur les champs bleus de lavande
sans s'y colorer
Champignon fragile
traverse le désespoir
d'un pas invincible
Elle a carte blanche
le neige où pourrait s'écrire
le pas d'un ami
Je veux une vie en forme d'arête
Sur une assiette bleue
Je veux une vie en forme de chose
Au fond d'un machin tout seul
Je veux une vie en forme de sable dans des mains
En forme de pain vert ou de cruche
En forme de savate molle
En forme de faridondaine
De ramoneur ou de lilas
De terre pleine de cailloux
De coiffeur sauvage ou d'édredon fou
Je veux une vie en forme de toi
Et je l'ai, mais ça ne me suffit pas encore
Je ne suis jamais content
Deux interprétations vous sont proposées :
La première par Ninon, Emma, Mathilde et Safia:
La deuxième est de Julie et Juliette :
Farandole de nuit
Celui qui court à la farandole entre dans la maison des lucioles.
Ting tata ting tata ting.
Et pourtant …
Pas d'autre aubaine que la farandole de Carthagène.
Ting tata ting tata ting.
Quelle folie d'amour
et de peine !
Et ce coeur à moi comme il s'enchante grand ouvert en attendant la flèche !
Ting tata ting tata ting.
Federico Garcia Lorca
Interprétation proposée par Mathilde et Safia :LE CHAT ET L'OISEAU
Un village écoute désolé
Le chant d'un oiseau blessé
C'est le seul oiseau du village
Et c'est le seul chat du village
Qui l'a à moitié dévoré
Et l'oiseau cesse de chanter
Et le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l'oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l'oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n'arrête pas de pleurer
Si j'avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l'aurais mangé tout entier
Et puis je t'aurais raconté
Que je l'avais vu s'envoler
S'envoler jusqu'au bout du monde
Là-bas où c'est tellement loin
Que jamais on n'en revient
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié.
Jacques Prévert
Par Manon, Johann et Olivier :
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